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Volute
Estelle Deschamp
Brocas 2022
programmation : Irwin Marchal
Shu Sugi Ban
Estelle Deschmap a proposé un atelier participatif d’initiation à la technique traditionnelle japonaise du Shu Sugi Ban.
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Au loin, l’œuvre de l’artiste Estelle Deschamp intitulée « Volute », nous interpelle… comme une image dans le paysage. Elle nous envoie des signaux de fumée à la façon des amérindiens, et résonne de manière à la fois pittoresque et familière.
Les vestiges du haut fourneau situés tout près, et qui aujourd’hui encore témoignent de l’activité des forges et du passé sidérurgique du village, ne sont pas pour rien dans cette résonance. L’artiste y a perçu un héritage. Elle a saisi ce que la ruine architecturale laisse comme message aux générations suivantes, la mémoire et l’histoire qu’elle porte en elle. L’artiste rejoue ainsi la présence de la cheminée du fourneau, aujourd’hui disparue, dans l’élévation de cette colonne érigée sur la colline voisine.
Lorsque l’on s’approche de cette sculpture, ce qui n’était qu’une image au loin commence à prendre corps, et les textures, les effets picturaux apparaissent. À mi-chemin entre une cheminée et une colonne dorique, l’esprit s’active à identifier les volumes.
La technique japonaise du « Shou Sugi Ban » consistant à brûler le bois pour le rendre imputrescible et qui a été utilisée sur les parois internes du moule destiné à produire cette imposante structure en béton lui confère une curieuse texture en « peau de serpent » qui garde les stigmates du processus de mise à feu.
En levant la tête, cette fumée texturée de zones de couleurs, semble figée à un instant T de son déploiement. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en physique, la fumée est considérée comme un ensemble de petites particules solides et non comme un état gazeux. Cette particularité n’a pas échappé à l’artiste qui a finalement poussé cette logique de solidification jusqu’au bout.
Enfin la coupe transversale qui entretient ce jeu paysagé entre image et volume, laisse voir la matière à cœur, le béton brut, là où émerge la fumée. Comme si l’artiste nous incitait, de manière métaphorique, à nous plonger dans les entrailles des choses pour en faire ressortir cette mémoire collective qui nous unit tous dans ce qui est vécu, maintenu et oublié.
Irwin Marchal, commissaire artistique
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