—
La sauveté de Garbachet
Christophe Doucet
Brocas, 2013
programmation : Didier Arnaudet
—
document sur l’œuvre à télécharger : ici
Au Moyen Âge, une sauveté était une zone de refuge dessinée autour d’une église par plusieurs bornes. À l’intérieur de ce périmètre, il était interdit de poursuivre les fugitifs. Sans l’encombrer ni la confisquer, Christophe Doucet prend possession d’une parcelle d’un hectare, située autour d’une cabane et d’un puits, délimitée par quatre colonnes positionnées à chaque point cardinal, bâties en pierre locale et surmontées d’une oreille de lapin en fonte d’aluminium, à l’écoute des respirations les plus secrètes. Enregistré au cadastre, ce lieu donne ainsi la mesure de cette singulière protection, venue d’un temps lointain, et invite à l’expérience de son étendue, en perpétuel mouvement, et de sa capacité à affirmer la variété réelle et fictionnelle de ses ressources.
—
Didier Arnaudet
Une sauveté contemporaine située dans le pli entre les cosmogonies moniste et dualiste. Les Landes de Gascogne sont constituées d’une multitude de parcelles, enregistrées au cadastre, appartenant pour 90% à des propriétaires privés. Cela se traduit sur le terrain par un jalonnement des terres à l’aide de bornes et de signes. Pour Bénédicte Fénié «l’origine latine du mot pays, par extension paysage se trouve dans le latin pagus lui-même venant du latin classique pancere qui signifie fixer des bornes, des limites.» Le paysage des Landes n’a donc rien de naturel. Il est fabriqué. L’acte de propriété précède l’occupation du territoire.
Au Moyen Âge, une sauveté était une zone de refuge délimitée autour d’une église par plusieurs bornes. À l’intérieur de ce périmètre, il était interdit de poursuivre les fugitifs.
Le projet consiste à prendre possession d’un lieu d’une manière réelle et corporelle. Il s’agit d’un terrain d’environ 1 hectare (10 000m2), situé autour de la cabane de Garbachet, encore appelée lou bourdot du Garbaché appartenant à la commune. L’enjeu, c’est de jalonner cet espace à l’aide d’au moins 4 bornes qui pourront s’apparenter à des sculptures. La cabane et le puits attenants feront également l’objet d’un aménagement.
Le choix dou bourdot du garbaché n’est pas anodin, il s’agit de la cabane du garde vache. Pour J. Prat : «le pasteur et le bovin se situent dans une situation charnière sur les marges de leur espace, à la frontière du sauvage et du domestique, de la nature et de la culture». Il y a aussi, très curieusement une similitude entre garbaché et gargaphié, le bois célébré par Ovide où Actéon est transformé en cerf. Ainsi j’ai souhaité faire référence à l’animal dans le traitement des bornes/sculptures, et dans l’aménagement de la cabane et du puits.
—
Christophe Doucet
Merci à Jean-Luc Blanc-Simon, Alain Dandy, Michel Daubas, Gaëtan Debelle, Jean Delachaux,Jacques Descac, Cyrille Diaz-Hidalgo, Jacques Dufau, Jacques Lafitte, Gilbert Lamartiny, Yves Lanusse, Arantxa Leemans, Jean Jacques Lesbats, Fanny Leurent, Philippe Tauziede, Alban Toulemonde, Stanley Tur. L’entreprise IZCO et le Géomètre expert Jean Pontet.