29 — De l’aptitude à cueillir un pissenlit fermement
Escales Atypiques – œuvre mobile, 2024.
programmation estivale : Escales Atypiques
Frédéric Latherrade
Sara Favriau vit et travaille à Paris.
En savoir plus : Sara Favriau
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Sara Favriau questionne à la fois l’œuvre et son écosystème ; sa circularité. En cela, elle interroge son statut de sacré (exposition, conservation, acquisition), intangible, vers un possible statut de vivant : une œuvre évolutive, rejouée, altérée, appropriée par une pluralité d’acteurs. Sa démarche s’oriente vers des œuvres-projets, qui portent leur propre récit, qui se partagent et se transforment comme la tradition de la transmission orale des griots, les contes, ou comme le savoir-faire des artisans transmis à l’apprenti dans l’atelier, traversés par le temps. Certaines sculptures sont activées par des performances puis réanimées en films mi-fiction, mi-documentaire, mi-archive, démantelant l’idée que l’art est circonscrit ou cristallisé.
C’est une démarche au caractère hybride, sans limite de genre, de médium, de technicité et d’expérimentation, où les processus de réalisation et de créations sont indissociables et privilégiés. Ils sont inhérents à l’œuvre comme la diversité des médiums employés. La rencontre des médiums, leurs usages dans le cas précis d’un projet, est un moyen d’augmenter la vie de l’œuvre, parfois même en allant jusqu’à sa destruction : sa disparition questionnant dans le même temps sa trace. Autrement dit, ces oeuvres-projets cherchent à repenser et à transgresser la cristallisation d’une œuvre d’art dans des espaces dévolus et des médiums dédiés. Par là, travailler à une œuvre qui embrasse la permanence et l’interroge à travers ses transformations dans le temps.
Le travail de Sara Favriau est empreint d’une attention particulière aux enjeux environnementaux et sociétaux, à travers la mise en jeu de matériaux et de savoir-faire qu’elle explore et détourne. Des matériaux issus des territoires ou elle se trouve : issus de circuit-courts, glanés pour la plupart ou légués par les acteurs (culture comme nature : ONF, forestiers ou tout simplement sols des territoires) en mettant à contribution les énergies et ressources de chacun.
Elle convoque des formes, des symboles et des procédés de nature populaire pour les transposer. Des procédés par lesquels, des sculptures, des installations, des performances sont en dialogue ; une cabane, une pirogue, un arc, un arbre, le voguing… sont autant d’éléments qui font partie de son vocabulaire formel et conceptuel, portant leur propre dramaturgie : leur mise en acte poétique.
C’est une rencontre entre temporalité et territoire qu’elle développe depuis des années. Comment l’histoire et ses traces, l’immuable et l’éphémère, comment deux temporalités ou mêmes géographies, peuvent être mises en commun. Ce métissage est au cœur de ses intentions : imbriquer la métamorphose, la fiction et l’essai, mais aussi l’analyse, la sociologie des milieux, enfin la poésie, selon une forme simple. Selon des actions essentielles, comme un arbre-pirogue qui traverse une mer, pour retrouver une forêt.
projet présenté sur la page artistes :
L’océan plein, la tempête et les piverts, très grand très loin, radieuses des voiles bombées.
Un vent durable, persistant. 2023. © Sara Favriau, Malo Legrand, Qiang Liu