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HELLO APOLLO
Marine Julié
Luxey, 2017
programmation : Jean-Francois Dumont
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document sur l’œuvre à télécharger : ici
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Nous sommes ici en territoire de chasse et de musique. Comment dès lors ne pas évoquer deux grandes figures de l’art : Diane la chasseresse et Apollon, son frère jumeau, divinité de la lumière, dieu des arts et de la musique. Dans le glissement d’Artémis, divinité grecque, à Diane divinité latine, et de Diane en Diane dans ses multiples théophanies*, la figure de la déesse d’abord inapprochable a gagné en familiarité et en sensualité. Elle aime se laisser surprendre. Elle laisse approcher les hommes intrépides : les chasseurs et les artistes. Le décor est planté et c’est bien parce que « Le bain de Diane » y apparaît en son absence même qu’il fallait, ici rejouer la scène. L’appropriation de la double figure de Diane et d’Apollon comme image de la quête et même de la conquête amoureuse est une des ritournelles les plus partagées. C’est aussi un thème, celui de l’attraction, qui traverse l’œuvre de Marine Julié.
Marine Julié s’intéresse plus à Apollon. Cela tombe bien puisque Diane et Apollon sont les mêmes . Elle nocturne, lui lumière, mais en lui elle apparaît et si vous venez de nuit vous verrez sa lumière à elle, sa lumière de lune. « Hello Apollo » est, dans le genre de la statuaire, une nouvelle interprétation, un pied de nez, un excès salutaire. Une diablerie pour débusquer certitudes et illusions aussi bien que les animer et créer des fictions. Le plan d’eau de Luxey gagne en fantastique, c’est un miroir qui s’ouvre au monde des songes, l’esprit de fête y règne.
*manifestation divines
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Jean François Dumont
Lorsque j’ai su que le lieu que l’on me proposait était un plan d’eau dans un peu retiré du passage, j’ai tout de suite pensé aux histoires de la mythologie grecque. Dans la mythologie, il arrive que des divinités prennent leur bain, à l’abri des regards, jusqu’à ce qu’elles se rendent compte qu’elles sont observées par de simples mortels. Le regard de ces derniers provoque la colère du dieu en question. Mais parfois, ces rencontres interdites sont le point de départ d’histoires amoureuses et voluptueuses.
À la suite de cette idée première et au fur et à mesure de l’élaboration du projet, j’ai pensé aussi aux fontaines, notamment issues du baroque italien, que l’on retrouve dans différents châteaux et places citadines. (par exemple la fontaine du bosquet de l’Encelade au château de Versailles.) Ces statues de fontaines retranscrivent certains épisodes mythologiques et leur caractère narratif mais aussi ornemental, majestueux et loufoque. C’est non sans humour et avec un certain clin d’œil, que la proposition que je vous fais, est une sorte de divinité ancienne, prenant son bain dans l’étang de Luxey. Un dieu dans une mare aux canards.
J’ai pensé réaliser cette sculpture en résine et la peindre avec une peinture blanche phosphorescente, pour qu’elle brille la nuit et reste visible comme une luciole.
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Marine Julié